Page:Huc - Souvenirs d’un voyage dans la Tartarie, le Thibet et la Chine pendant les années 1844-46, tome 1.djvu/74

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Mongol a la veille passé par là. Et si on demande la raison de ces migrations subites, il n’y en a pas d’autre que celle-ci : Les animaux avaient dévoré l’herbe qui recouvrait le sol ; le chef a donc donné le signal du départ, et tous ces pasteurs ont plié leur tente ; ils ont poussé devant eux leurs troupeaux, et sont allés chercher ailleurs, n’importe où, de nouveaux et plus frais pâturages.

Après avoir cheminé pendant la journée entière, à travers les délicieuses prairies de la bannière rouge, nous allâmes camper dans un vallon qui paraissait assez habité. À peine eûmes-nous mis pied à terre, que de nombreux Tartares s’empressèrent de venir à nous, et de nous offrir leurs services. Après nous avoir aidés à décharger nos chameaux, et à construire notre maison de toile bleue, ils nous prièrent d’aller prendre le thé sous leurs tentes. Comme il était déjà tard, nous demeurâmes chez nous. Les visites furent remises au lendemain ; car les hospitalières invitations de nos voisins nous déterminèrent à stationner un jour parmi eux. Nous étions d’ailleurs bien aises de profiter de la beauté du temps et du site, pour réparer complétement les avaries que nous avions essuyées la veille.

Le lendemain, le temps qui ne fut pas employé à notre petit ménage et à la récitation du Bréviaire, nous le consacrâmes à visiter les tentes mongoles. Pendant que Samdadchiemba gardait le logis, nous nous mîmes en tournée. Nous dûmes d’abord veiller avec le plus grand soin à la sûreté de nos jambes, contre lesquelles s’élançaient avec rage des troupes de chiens énormes. Un petit bâton suffisait pour notre défense ; mais, aussitôt que nous étions arrivés à l’entré