Page:Huc - Souvenirs d’un voyage dans la Tartarie, le Thibet et la Chine pendant les années 1844-46, tome 2.djvu/12

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

avant de la caravane, pour prévenir le monde de l'arrivée des chameaux : cette précaution diminua le mal, qui ne cessa complètement que lorsque nous fûmes parvenus hors des murs de la ville.

Nous avions eu dessein de déjeuner à Ping-Lou-Hien ; mais, n'ayant pas suffisamment conquis la sympathie de ses habitants, nous n'osâmes nous y arrêter ; nous eûmes pourtant le courage d'acheter quelques provisions que nous payâmes horriblement cher, parce que le moment n'était pas favorable pour marchander. À quelque distance de la ville, nous rencontrâmes un corps-de-garde ; nous nous y arrêtâmes pour nous reposer un instant, et prendre notre repas du matin. Ces corps-de-garde sont très-multipliés en Chine ; d'après la règle, sur toutes les grandes routes, il doit y en avoir un à chaque demi-lieue ; d'une construction bizarre et tout-à-fait dans le goût chinois, ces demeures consistent en un petit édifice en bois ou en terre, mais toujours blanchi avec une dissolution de chaux ; au centre est une espèce de hangar entièrement nu, et ayant une seule grande ouverture sur le devant : il est réservé pour les malheureux voyageurs, qui, pendant la nuit, étant surpris par le mauvais temps, ne peuvent se réfugier dans une auberge. Des deux côtés sont deux petites chambres avec portes et fenêtres, quelquefois un banc de bois peint en rouge est tout leur ameublement. L'extérieur du corps-de-garde est décoré de peintures grossières, représentant les dieux de la guerre, des cavaliers et des animaux fabuleux. Sur les murs du hangar, sont dessinées toutes les armes qui sont en usage en Chine : des fusils à mèche, des arcs, des flèches, des lances, des boucliers et des sabres de