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Page:Huc - Souvenirs d’un voyage dans la Tartarie, le Thibet et la Chine pendant les années 1844-46, tome 2.djvu/148

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fûmes installés dans une grande chambre, qui, la veille encore, servait de demeure à quelques petits veaux, trop jeunes et trop faibles pour pouvoir suivre leurs mères sur les montagnes. On avait fait de grands efforts pour nettoyer l'appartement ; mais le succès n'avait pas été tellement complet, qu'on ne distinguât ça et là de nombreuses traces des anciens locataires ; on nous avait, du reste, assigné ce qu'il y avait de mieux dans la lamaserie. Tchogortan est, comme nous l'avons déjà dit, la maison de campagne de la Faculté de médecine : l'aspect en est assez pittoresque, surtout pendant la saison de l'été. Les habitations des Lamas, construites au pied d'une grande montagne taillée à pic, sont ombragées par des arbres séculaires, dont les épais rameaux servent de retraite aux milans et aux corbeaux. A quelques pas au-dessous des maisons, coule un ruisseau abondant, entrecoupé de nombreuses digues, construites par les Lamas pour faire tourner les tchukor ou moulins à prières. On aperçoit, dans l'enfoncement de la vallée et sur les coteaux voisins, les tentes noires des Si-Fan et quelques troupeaux de chèvres et de sarligues. La montagne rocheuse et escarpée, à laquelle est adossée la lamaserie, sert de demeure à cinq religieux contemplatifs, qui, semblables à des aigles, ont choisi pour bâtir leurs aires les endroits les plus élevés et les plus inaccessibles : les uns ont creusé leur retraite dans la roche vive ; les autres demeurent dans des cellules de bois appliquées à la montagne comme d'énormes nids d'hirondelles ; quelques morceaux de bois plantés dans le rocher leur servent d'échelons pour monter et descendre. Un de ces ermites bouddhistes a entièrement renoncé au