Page:Huc - Souvenirs d’un voyage dans la Tartarie, le Thibet et la Chine pendant les années 1844-46, tome 2.djvu/183

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ils en indiquent les caractères, les moyens de les reconnaître et la manière de les combattre. Ces livres sont un ramassis d'aphorismes plus ou moins obscurs et d'une foule de recettes particulières. Les Lamas n'ont pas une si grande horreur du sang que les médecins chinois. Ils pratiquent quelquefois la saignée, et emploient fréquemment les ventouses. Pour cette dernière opération, ils font par avance subir à la peau de légères excoriations, ensuite ils appliquent sur le membre du malade des cornes de bœuf percées au sommet. Ils aspirent l'air avec la bouche, et quand le vide est suffisamment obtenu, ils bouchent le trou en appliquant dessus, avec leur langue, une boulette de papier mâché qu'ils tiennent en réserve dans la bouche ; s'ils veulent enlever la ventouse, ils n'ont qu'à faire tomber cette espèce de mastic.

Les Lamas médecins attachent une importance extrême à 1'inspection de l'urine du malade. Il leur en faut plusieurs échantillons, recueillis à diverses heures du jour et de la nuit. Ils l'examinent avec l'attention la plus minutieuse, et tiennent un grand compte de tous les changements que subit sa coloration. Ils la battent à plusieurs reprises avec une spatule en bois, puis ils portent le vase à l'oreille pour écouter le bruit ; car ils prétendent que, selon l'état du malade, son urine est quelquefois muette et quelquefois parlante. Un Lama médecin, pour être réputé habile et entendre parfaitement son métier, doit être capable de traiter et de guérir un malade sans l'avoir vu. L'inspection de l'urine doit suffire pour le diriger dans les prescriptions médicales.

Comme nous l'avons dit ailleurs, en parlant des Tartares-