Page:Huc - Souvenirs d’un voyage dans la Tartarie, le Thibet et la Chine pendant les années 1844-46, tome 2.djvu/200

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de cette multitude, dont le voyage ne devait se terminer qu'à Lha-Ssa, il y avait une escorte de trois cents soldats chinois, fournis par la province de Kan-Sou, et deux cents braves Tartares, chargés, par les princes du Koukou-Noor, de protéger la sainte ambassade du Talé-Lama, jusqu'aux frontières du Thibet.

Les soldats de la province du Kan-Sou s'acquittaient de leurs fonctions en véritables Chinois. De peur de quelque fâcheuse rencontre, ils se tenaient prudemment à la queue de la caravane ; là, ils chantaient, ils fumaient et folâtraient tout à leur aise, sans se mettre en peine des brigands. Tous les jours, ils avaient la remarquable habitude de ne se mettre en route que lorsque la caravane tout entière avait défilé ; alors, ils parcouraient soigneusement les divers campements, et ne manquaient pas de faire profit de tout ce qui avait pu être oublié. Marchant ensuite les derniers, ils avaient encore l'inappréciable avantage de pouvoir ramasser ce que les autres laissaient tomber. Les soldats tartares tenaient une conduite bien différente ; on les voyait galopper sans cesse en avant et sur les flancs de la caravane, monter sur les collines, et s'enfoncer dans les profondes vallées, pour examiner si les brigands n'étaient pas en embuscade.

La marche et les mouvements de la caravane s'exécutaient avec assez d'ordre et de précision, surtout dans les commencements. Ordinairement, on partait tous les jours deux ou trois heures avant le lever du soleil, afin de pouvoir camper vers midi, et donner aux animaux le temps de paître pendant le reste de la journée ; le réveil était annoncé par un coup de canon ; aussitôt, tout le monde se