Page:Huc - Souvenirs d’un voyage dans la Tartarie, le Thibet et la Chine pendant les années 1844-46, tome 2.djvu/232

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

beaucoup la puissance des Lamas du ciel d'occident. — Sur l'avis du marchand, tout le monde se mit en devoir de camper. Les tentes furent à peine dressées, que les Kolo reparurent sur la crête de la montagne ; ils coururent de nouveau vers nous avec leur rapidité accoutumée. Le chef entra seul dans le camp, les autres attendirent un peu en dehors de l'enceinte. Le Kolo s'adressa au Thibétain qui lui avait parlé la première fois. — Je viens, lui dit-il, te demander l'explication d'une chose que je ne comprends pas. Vous savez que nous campons derrière cette montagne, et vous osez dresser votre tente ici, tout près de nous ! Combien donc êtes-vous d'hommes dans votre bande ? — Nous ne sommes que dix-huit. Vous autres, si je ne me trompe, vous êtes vingt-sept ; mais les gens de cœur ne prennent jamais la fuite. — Vous voulez donc vous battre ? — Si nous n'avions pas plusieurs malades dans la caravane, je répondrais Oui :... car j'ai déjà fait mes preuves avec les Kolo. — Toi, tu t'es battu avec les Kolo ? à quelle époque ? Comment t'appelles-tu ? — Il y a cinq ans, lors de l'affaire du Tchanak-Kampo ; voici encore un souvenir. Et il découvrit son bras droit, marqué d'une large entaille de sabre. — Le brigand se mit à rire, et lui demanda de nouveau son nom. — Je m'appelle Rala-Tchembé, répondit le marchand ; tu dois connaître ce nom ? — Oui, tous les Kolo le connaissent, c'est le nom d'un brave .... Et, en disant ces mots, il sauta en bas de son cheval ; il tira un sabre de sa ceinture, et l'offrit au Thibétain. — Tiens, lui dit-il, reçois ce sabre, c'est le meilleur que j'aie ; nous nous sommes battus assez souvent ; à l'avenir, quand nous nous rencontrerons, nous devons nous traiter en frères. — Le