Page:Huc - Souvenirs d’un voyage dans la Tartarie, le Thibet et la Chine pendant les années 1844-46, tome 2.djvu/30

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pouvions sans inconvénient prendre un peu de repos. Nous allâmes donc nous coucher, et nous dormîmes d'un assez bon sommeil jusqu'à l'aube du jour ; grâce à Dieu, les brigands n'étaient pas venus nous rendre visite.

Pendant la majeure partie de la journée nous suivîmes la route qui conduit à Ili. Nous parcourions avec respect, et en quelque sorte avec une religieuse vénération, ce chemin de l'exil, tant de fois sanctifié par le passage dos confesseurs de la foi ; nous aimions à nous entretenir de ces courageux chrétiens, de ces âmes fortes, qui plutôt que de renoncer à leur religion, avaient préféré abandonner et leur famille et leur patrie, pour aller terminer leurs jours dans des pays inconnus. Nous l'espérons ; la Providence suscitera des missionnaires pleins de dévouement pour aller porter à nos frères exilés les consolations de la foi.

La route d'Ili nous conduisit jusqu'à la grande muraille, que nous franchîmes encore à pieds joints. Cet ouvrage de la nation chinoise, dont on a tant parlé, sans pourtant le connaître suffisamment, mérite que nous en disions quelques mots. On sait que l'idée d'élever des murailles pour se fortifier contre les incursions des ennemis, n'a pas été particulière à la Chine ; l'antiquité nous offre plusieurs exemples de semblables travaux. Outre ce qui fut exécuté en ce genre chez les Syriens, les Egyptiens et les Mèdes, en Europe, par ordre de l'empereur Septime-Sévère, une muraille fut construite au nord de la grande Bretagne. Cependant aucune nation n'a rien fait d'aussi grandiose que la grande muraille élevée par Tsin-Chi-Hoang-Ti l'an 214 de Jésus-Christ ; les Chinois la nomment Wan-li-Tchang-Tching. — Le grand mur de dix mille lis. — Un nombre prodigieux