Page:Huc - Souvenirs d’un voyage dans la Tartarie, le Thibet et la Chine pendant les années 1844-46, tome 2.djvu/304

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grand empereur de la Chine, nous attendait pour nous interroger. Nous suivîmes cet aimable appariteur, et nous fûmes introduits dans une salle ornée à la chinoise, où Ki-Chan était assis sur une estrade haute de trois pieds et recouverte de drap rouge. Devant lui était une petite table en laque noire, où l'on voyait une écritoire, des pinceaux, quelques feuilles de papier, et un vase en argent rempli de tabac à priser. Au-dessous de l'estrade, étaient quatre scribes, deux à droite et deux à gauche ; le reste de la salle était occupé par un grand nombre de Chinois et de Thibétains, qui avaient mis leurs beaux habits pour assister à la représentation.

Ki-Chan, quoique âgé d'une soixantaine d'années, nous parut plein de force et de vigueur. Sa figure est, sans contredit, la plus noble, la plus gracieuse et la plus spirituelle que nous ayons jamais rencontrée parmi les Chinois. Aussitôt que nous lui eûmes tiré notre chapeau, en lui faisant une courbette de la meilleure façon qu'il nous fût possible. —C'est bien, c'est bien, nous dit-il, suivez vos usages. ; on m'a dit que vous parlez correctement le langage de Péking, je désire causer un instant avec vous. — Nous commettons beaucoup de fautes en parlant, mais ta merveilleuse intelligence saura suppléer à l'obscurité de notre parole. — En vérité, voilà du pur Pékinois ! vous autres Français, vous avez une grande facilité pour toutes les sciences ; vous êtes Français, n'est-ce pas ? — Oui, nous sommes Français. — Oh ! je connais les Français ; autrefois il y en avait beaucoup à Péking, j'en voyais quelques-uns. — Tu as dû en connaître aussi à Canton, quand tu étais commissaire impérial .... Ce souvenir fit froncer le sourcil à