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Page:Huc - Souvenirs d’un voyage dans la Tartarie, le Thibet et la Chine pendant les années 1844-46, tome 2.djvu/306

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poing se détacha de la hanche, et son bras glissa modestement le long de la cuisse ... A genoux ! répéta le Mandarin d'une voix vibrante. — Samdadchiemba tomba à genoux, en disant : A genoux, debout ou assis, ces positions me sont à peu près indifférentes : un homme de peine et de fatigue, comme moi, n'est pas accoutumé a ses aises. — Ah ! tu es du Kan-Sou, dit le juge, en aspirant de grosses prises de tabac, ah ! tu es du Kan-Sou, tu es un enfant de la nation centrale! C'est bien ... Dans ce cas, c'est moi qui vais te traiter ; ton affaire me regarde. Enfant de la nation centrale, réponds à ton père et mère, et garde-toi d'éparpiller des mensonges. Où as-tu rencontré ces deux étrangers ? comment t'es-tu attaché à leur service ? — Samdadchiemba fit avec beaucoup d'aplomb une longue histoire de sa vie, qui parut assez intéresser l'auditoire ; puis il raconta comment il nous avait connus en Tarlarie et quels avaient été les motifs qui l'avaient porté à nous suivre. Notre jeune néophyte parla avec dignité, mais surtout avec une prudence à laquelle nous nous attendions peu. — Pourquoi es-tu entré dans la religion du Seigneur du ciel ? ne sais-tu pas que le grand Empereur le défend ? — Le tout petit (1)[1] est entré dans cette religion, parce qu'elle est la seule véritable. Comment aurais-je pu croire que le grand Empereur proscrivait nne religion qui ordonne de faire le bien et d'éviter le mal ? — C'est vrai, la religion du Seigneur du ciel est sainte ; je la connais. Pourquoi t'es-tu mis au service des étrangers ? ne sais-tu pas que les lois le défendent ? — Est-ce qu'un ignorant comme

  1. (1) Siao-ti, expression dont se servent les Chinois, lorsqu'ils parlent s'eux-mêmes en présence des Mandarins.