Page:Huc - Souvenirs d’un voyage dans la Tartarie, le Thibet et la Chine pendant les années 1844-46, tome 2.djvu/330

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nous avoir fait une profonde inclination, il ajouta : — Vous êtes mes maîtres, prenez-moi pour votre disciple.

Tout ce que venait de faire cet homme, nous frappa étrangement ; nous ne pûmes nous empêcher de croire qu'un puissant mouvement de la grâce venait d'ébranler son cœur. Nous lui exposâmes brièvement les principaux points de la doctrine chrétienne ; et à tout ce que nous lui disions, il se contentait de répondre, avec une expression de foi vraiment étonnante : Je crois ! Nous lui présentâmes un petit crucifix en cuivre doré, et nous lui demandâmes s'il voudrait l'accepter. Pour toute réponse, il nous fit avec empressement une profonde inclination ; aussitôt qu'il eut le crucifix entre ses mains, il nous pria de lui donner un cordon, et immédiatement il le suspendit à son cou ; il voulut ensuite savoir quelle prière il pourrait réciter devant la croix. — Nous te prêterons, lui dîmes-nous, quelques livres chinois, où tu trouveras des explications de la doctrine et de nombreux formulaires de prières. — Mes maîtres, c'est bien ;... mais je voudrais avoir une prière courte, facile, que je puisse apprendre à l'instant, et répéter souvent et partout. — Nous lui apprîmes à dire : Jésus, sauveur du monde, ayez pitié de moi. De peur d'oublier ces paroles, il les écrivit sur un morceau de papier, qu'il plaça dans une petite bourse suspendue à sa ceinture ; il nous quitta en nous assurant que le souvenir de cette journée ne s'effacerait jamais de sa mémoire.

Ce jeune médecin mit beaucoup d'ardeur à s'instruire des vérités de la religion chrétienne ; mais ce qu'il y eut en lui de remarquable, c'est qu'il ne chercha nullement à cacher la foi qu'il avait dans le cœur. Quand il venait nous