Page:Huc - Souvenirs d’un voyage dans la Tartarie, le Thibet et la Chine pendant les années 1844-46, tome 2.djvu/333

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

donc toutes les deux attentivement et avec sincérité ; si la vôtre est la bonne, nous l'adopterons ; comment pourrions-nous nous y refuser ? Si, au contraire, c'est la nôtre, je crois que vous serez assez raisonnables pour la suivre. Ces dispositions nous parurent excellentes ; nous ne pouvions, pour le moment, en désirer de meilleures.

Nous commençâmes par le christianisme. Le Régent, toujours aimable et poli dans les rapports qu'il avait avec nous, prétendit que, puisque nous étions ses hôtes, nos croyances devaient avoir l'honneur de la priorité. Nous passâmes successivement en revue les vérités dogmatiques et morales. A notre grand étonnement, le Régent ne paraissait surpris de rien. — Votre religion, nous répétait-il sans cesse, est conforme à la nôtre ; les vérités sont les mêmes, nous ne différons que dans les explications. Parmi tout ce que vous avez vu et entendu dans la Tartarie et dans le Thibet, vous avez dû, sans doute, trouver beaucoup à redire ; mais il ne faut pas oublier que les erreurs et les superstitions nombreuses que vous avez remarquées, ont été introduites par les Lamas ignorants, et qu'elles sont rejetées par les Bouddhistes instruits. — Il n'admettait entre lui et nous que deux points de dissidence, l'origine du monde et la transmigration des âmes. Les croyances du Régent, bien qu'elles parussent quelquefois se rapprocher de la doctrine catholique, finissaient néanmoins par aboutir à un vaste panthéisme ; mais il prétendait que nous arrivions aussi aux mêmes conséquences, et il se faisait fort de nous en convaincre.

La langue thibétaine, essentiellement religieuse et mystique, exprime avec beaucoup de clarté et de précision