Page:Huc - Souvenirs d’un voyage dans la Tartarie, le Thibet et la Chine pendant les années 1844-46, tome 2.djvu/39

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Dchiahours ont toute la fourberie et toute l'astuce des Chinois, moins leur civilité et la forme polie de leur langage ; aussi sont-ils craints et détestés de tous leurs voisins. Quand ils se croient lésés dans leur droit, c'est toujours à coups de poignard qu'ils demandent raison. Parmi eux, l'homme le plus honoré est toujours celui qui a commis un plus grand nombre de meurtres. Ils parlent une langue particulière, qui est un mélange de mongol, de chinois, et de thibétain oriental. A les en croire, ils sont d'origine tartare. On peut dire, dans ce cas, qu'ils ont très-bien conservé le caractère féroce et indépendant de leurs ancêtres, tandis que les habitants actuels de la Mongolie ont singulièrement modifié et adouci leurs mœurs.

Quoique soumis à l'empereur de Chine, les Dchiahours sont immédiatement gouvernés par une espèce de souverain héréditaire appartenant à leur tribu, et portant le titre de Tou-Sse. Il existe dans le Kan-Sou, et sur les frontières de la province de Sse-Tchouan, plusieurs peuplades qui se gouvernent ainsi elles-mêmes et d'après des lois spéciales. Toutes portent la dénomination de Tou-Sse, à laquelle on ajoute le nom de famille de leur chef souverain. Samdadchiemba appartenait à Ki-Tou-Sse, tribu des Dchiahours. Yang-Tou-Sse est la plus célèbre et la plus redoutable. Pendant longtemps elle a exercé une grande influence à Lha-Ssa, capitale du Thibet. Mais cette influence a été détruite en 1845, à la suite d'un événement fameux que nous raconterons plus tard.

Après nous être bien reposés de nos fatigues, nous appareillâmes le lendemain de grand matin. Partout, sur la route, nous rencontrâmes des traces de la tempête de la veille,