Page:Huc - Souvenirs d’un voyage dans la Tartarie, le Thibet et la Chine pendant les années 1844-46, tome 2.djvu/450

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autres : le pont gémit, chancela sous leurs pas, mais il tint bon ; les hommes vinrent ensuite. On avançait tout doucement sur la pointe des pieds, et en se faisant léger autant qu'il était possible. Tout le monde passa sans accident, et la caravane se remit en marche dans l'ordre accoutumé. Après avoir gravi une montagne peu haute, mais rocailleuse et escarpée, au pied de laquelle bondissait un torrent impétueux, nous allâmes loger à Wa-Ho-Tchaï, station composée d'un corps de garde, d'un petit temple chinois, et de trois ou quatre maisons thibétaines.

Dès que nous fûmes arrivés, la neige se mit à tomber par gros flocons. Ailleurs, un pareil temps eût été seulement désagréable ; mais à Wa-Ho-Tchaï, il était calamiteux. Nous avions à faire le lendemain, une étape de cent cinquante lis, sur un plateau fameux dans tout le Thibet. L'Itinéraire nous donnait, sur cette route, les détails suivants : « Sur la montagne Wa-Ho,se trouve un lac. Pour qu'on ne s'égare pas dans les brouillards épais qui régnent ici, on a établi sur les hauteurs, des signaux en bois. Quand la montagne est couverte d'une neige profonde, on se guide par ces signaux, mais il faut se garder d'y faire du bruit, et ceux qui y passent doivent s'abstenir de proférer la moindre parole ; sans cela, la glace et la grêle se précipiteraient sur eux en abondance, et avec une célérité étonnante. Sur toute la montagne, on ne trouve ni quadrupèdes ni oiseaux ; car elle est gelée pendant les quatre saisons de l'année : sur ses flancs, et à cent lis de distance, il n'y a aucune habitation. Beaucoup de soldats chinois et de Thibétains y meurent de froid .... »

Les soldats du corps de garde de Wa-Ho-Tchaï, ayant