Page:Huc - Souvenirs d’un voyage dans la Tartarie, le Thibet et la Chine pendant les années 1844-46, tome 2.djvu/472

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effrayant bonnet en peau de renard, et un long et large sabre, passé horizontalement dans la ceinture, complétaient son costume. De longs cheveux d'un noir d'ébène, qui descendaient sur ses épaules, donnaient à sa pâle et maigre figure, une grande expression d'énergie. Les yeux étaient, surtout, ce qu'il y avait de plus remarquable dans la physionomie de cet homme ; ils étaient larges, flamboyants, et respiraient un courage et une fierté indomptables. Dans toute son allure, d'ailleurs, Proul-Tamba dénotait un homme vraiment supérieur, et né pour commander à ses semblables. Après nous avoir regardés attentivement les uns après les autres, en tenant ses mains appuyées sur les deux extrémités de son sabre, il tira de son sein un paquet de petits khata, et nous en fit distribuer un à chacun par un de ses hommes. Se tournant ensuite vers Ly-Kouo-Ngan : — Ah ! te voilà revenu, lui dit-il, d'une voix qui résonnait comme une cloche ; si l'on ne m'avait annoncé ce matin que c'était toi, je ne t'aurais pas reconnu. Comme tu as vieilli, depuis ton dernier passage à Bagoung ! — Oui, tu as raison, répondit le Pacificateur des royaumes, d'une voix papelarde et mielleuse, et en se traînant sur le tapis de feutre pour se rapprocher de son interlocuteur... ; oui, tu as raison, je suis bien caduc ; mais toi, te voilà plus vigoureux que jamais. — Nous vivons dans des circonstances où j'ai besoin d'être vigoureux... Il n'y a plus de paix dans nos montagnes. — C'est vrai, j'ai appris là-bas que vous aviez eu ici, entre vous, une petite contestation. — Voilà plus d'un an que les tribus de Kham se font une guerre acharnée, et tu appelles cela une petite contestation ! Tu n'auras qu'à ouvrir less yeux sur ta route, et tu