Page:Huc - Souvenirs d’un voyage dans la Tartarie, le Thibet et la Chine pendant les années 1844-46, tome 2.djvu/480

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gros quartiers de rochers, à moitié ensevelis dans de vieilles couches de neige, nous entrâmes dans une vallée entièrement livrée à la culture, et dont la température était assez douce. On apercevait de loin, dans un enfoncement, les maisons de Gaya. Elles étaient hautes, flanquées de tours d'observation, et assez semblables à des châteaux forts. Lorsque nous fûmes à quelques centaines de pas de ce gros village, il en sortit tout à coup un formidable escadron de cavalerie, qui se précipita avec impétuosité à l'encontre de la caravane. Tous ces cavaliers, armés de fusils en bandoulière et de longues lances, paraissaient tout disposés à un coup de main. Cependant toute leur humeur martiale s'évanouit aussitôt qu'ils s'aperçurent que la troupe était conduite par des femmes. Ils se contentèrent de s'abandonner à de grands éclats de rire, et de railler la couardise de leurs ennemis.

Quand nous fîmes notre entrée à Gaya, hommes, femmes, enfants, tout le monde était en mouyement ; de toutes parts on poussait des clameurs qui ne nous paraissaient nullement sympathiques : il n'arriva, toutefois, aucun accident. Nous allâmes mettre pied à terre dans la cour d'une grande maison à trois étages ; et aussitôt que l'on eut dessellé les chevaux, et déchargé les bœufs à long poil, les dames de Wang-Tsa burent à la hâte une bonne écuellée de thé beurré qu'on eut la courtoisie de leur servir à la ronde ; et immédiatement après, elles s'en retournèrent avec leurs oulah.

Nous trouvâmes à Gaya, un logement assez confortable ; mais nous ne savions pas trop à quelles conditions nous en sortirions. L'importante question des oulah préoccupait