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114 BAILLOT. — SON ART DU VIOLON.

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devait jouer des solos pour la danse, il perdait une partie de son talent et n’était que l’ombre de lui-même ; mais dans ses séances annuelles de quatuors et de quintetti, lorsque le génie de Boccherini, de Haydn, de Mozart et de Beethoven faisait battre son cœur, il devenait sublime et sans égal par la variété d’accents, les nuances de sentiment et la poésie des idées. Son archet était magique et les sons donnaient sous ses doigts d’éloquentes inspirations.

Nouvelle méthode du violon. L’art du violon.

En 1834, Baillot mit le comble à sa gloire par la publication d’une nouvelle méthode qu’il rédigea et qui parut sous le titre de l’Art du violon[2]. De tous les livres élé- mentaires qui ont été faits sur l’art de jouer des instruments, celui-là est le mieux pensé, le mieux écrit, le plus prévoyant et le plus utile. Par cette publication, Baillot consolida cette belle et savante école française du violon qui lui est redevable d’une grande partie de sa gloire, qui a été longtemps l’objet de l’admiration des étrangers, et qui a peuplé les orchestres d’une multitude de virtuoses[3]. L’Art du violon de Baillot ne doit pas être considéré simplement comme une méthode de violon, dans le sens absolu de ce mot, mais comme le plus bel ouvrage sur

  1. (suite de la page précédante) voyant la fureur du parterre, s’empressent de quitter la place. De rage alors, chacun saute dans l’orchestre, on lance à droite et à gauche les chaises des concertants, on renverse les pupitres, on crève la peau des timbales. J’avais beau crier : "Messieurs, messieurs, que faites-vous donc !... Quelle barbarie ! Vous ne voyez donc pas que c’est la contre-basse du père Chénié, un instrument admirable, qui a un son d’enfer !" On ne m’écoutait plus, et les mutins ne se retirèrent qu’après avoir culbuté tout l’orchestre et cassé je ne sais combien de banquettes et d’instruments." — Mémoires de Hector Berlioz, Paris, Michel Lévy.
  2. II ne faut pas confondre cette nouvelle méthode avec celle qui a pour titre : Méthode de violon, par MM. Baillot, Rode et Kreutzer, rédigée par Baillot, et dont l’éditeur Heugel a donné aussi une nouvelle édition.
  3. Fétis.