Page:Hugo Œuvres complètes tome 5.djvu/374

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que je ne puis faire autrement que de rester là, pétrifiée, à les entendre.

Gennaro.

Madame…

Dona Lucrezia.

Voyons ! Il faut en finir. Accablez-moi, écrasez-moi sous votre mépris ; mais vous êtes empoisonné, buvez ceci sur-le-champ !

Gennaro.

Que dois-je croire, madame ? Le duc est loyal, et j’ai sauvé la vie à son père. Vous, je vous ai offensée, vous avez à vous venger de moi.

Dona Lucrezia.

Me venger de toi, Gennaro ! — Il faudrait donner toute ma vie pour ajouter une heure à la tienne, il faudrait répandre tout mon sang pour t’empêcher de verser une larme, il faudrait m’asseoir au pilori pour te mettre sur un trône, il faudrait payer d’une torture de l’enfer chacun de tes moindres plaisirs, que je n’hésiterais pas, que je ne murmurerais pas, que je serais heureuse, que