Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Choses vues, tome I.djvu/185

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tard la nuit. Entré dans la chambre qui lui est destinée, il regarde sur la cheminée et n’y trouve qu’un petit bout de bougie. Il dit au laquais qui l’avait accompagné : — Apportez-moi de la bougie. — Monsieur, en voilà. — Je veux une bougie entière. J’ai besoin de travailler et de lire. — Impossible, monsieur. — Comment, impossible ? — M. le comte est rentré chez lui. — Eh bien ? — C’est M. le comte qui a les clefs. — En ce cas, descendez au salon et apportez-moi une des bougies qui sont sur la cheminée. — Impossible, monsieur. — Comment, encore impossible ? — Puisque M. le comte est rentré chez lui. — Fort bien. Mais son salon n’est pas sa chambre à coucher. — M. le comte, en se retirant, emporte dans sa chambre à coucher les bougies du salon. — Et il s’enferme ? — Il s’enferme.

Comme M. de Salvandy insistait, le laquais alla chez M. de Talhouet, gendre de M. Roy, et eut une bougie. Quant à du feu (il faisait froid, c’était en automne) nul moyen d’avoir du bois. M. de Salvandy se coucha, et lut dans son lit, satisfait d’avoir conquis une chandelle et n’osant aspirer à une bûche.