Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Choses vues, tome I.djvu/80

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Pendant ce plaidoyer, la fille, de plus en plus surprise, rayonnait de joie et d’attendrissement. — Que ce monsieur est bon ! disait-elle. Mon Dieu, qu’il est bon ! Mais c’est que je ne l’ai jamais vu, c’est que je ne le connais pas du tout !

Le commissaire de police dit à V. H. :

— Je crois tout ce que vous avancez, Monsieur ; mais les sergents de ville ont déposé, il y a un procès-verbal commencé. Votre déposition entrera dans ce procès-verbal, soyez-en sûr. Mais il faut que la justice ait son cours et je ne puis mettre cette fille en liberté.

— Comment ! Monsieur, après ce que je viens de vous dire et qui est la vérité — vérité dont vous ne pouvez pas douter, dont vous ne doutez pas, — vous allez retenir cette fille ? Mais cette justice est une horrible injustice.

— Il n’y a qu’un cas, Monsieur, où je pourrais arrêter la chose, ce serait celui où vous signeriez votre déposition ; le voulez-vous ?

— Si la liberté de cette femme tient à ma signature, la voici.

Et V. H. signa.

La femme ne cessait de dire : Dieu ! que ce monsieur est bon ! Mon Dieu, qu’il est donc bon !

Ces malheureuses femmes ne sont pas seulement étonnées et reconnaissantes quand on est compatissant envers elles ; elles ne le sont pas moins quand on est juste.