Mathé dit à Hubert :
— Vous partez vendredi ?
— Oui.
— Vous avez une malle ?
— Oui.
— Qu’emportez-vous dans cette malle ?
— Mes quelques hardes, et des exemplaires des publications socialistes et républicaines.
— Voulez-vous qu’on visite votre malle ?
— Oui.
Rondeau accompagna Hubert chez Beauvais où Hubert logeait et où était sa malle.
La malle fut ouverte ; Rondeau y trouva deux chemises, quelques mouchoirs, un vieux pantalon et un vieux paletot ; rien de plus.
Cependant l’absence de preuves palpables affaiblissait les soupçons, et l’opinion des proscrits revenait à Hubert. Hayes, Gigoux et Beauvais le défendaient vivement.
Rondeau rendit compte de ce qu’il avait trouvé dans la malle.
— Et les écrits socialistes ? demanda Mathé.
— Je n’en ai pas vu, dit Rondeau.
Hubert garda le silence.
Cependant le bruit de la visite de cette malle s’étant répandu, un menuisier de Queen street dit à un proscrit, Jarassé, je crois :
— Mais a-t-on ouvert le double fond ?
— Quel double fond ?
— Le double fond de la malle.
— La malle a un double fond ?
— Mais oui.
— Comment le savez-vous ?
— C’est moi qui l’ai fait.
Le propos fut répété à la commission. Mathé dit à Hubert :
— Votre malle a un double fond ?
— Sans doute.
— Pourquoi ce double fond ?
— Parbleu ! pour cacher les écrits démocratiques que j’emporte.
— Pourquoi n’avez-vous pas parlé de ce double fond à Rondeau ?
— Je n’y ai pas songé.
— Consentez-vous à ce qu’on le visite ?
— Oui.
Hubert donna ce consentement le plus tranquillement du monde, répon-