Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Choses vues, tome II.djvu/249

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1877.


2 septembre. — Talmeyr est réserviste. Il a bousculé son fourrier. On craint un conseil de guerre. Je vais m’occuper de le tirer de là.


4 septembre. — Thiers est mort hier soir. D’une attaque d’apoplexie. Après le dîner, à neuf heures, je suis allé à la réunion des sénateurs, rue Louis-le-Grand. On a délibéré sur l’incident de la mort de Thiers.


6 septembre. — Mme Thiers faisant ses conditions, le gouvernement retire le décret qui faisait faire par l’État les funérailles de Thiers.


8 septembre. — Aujourd’hui enterrement de Thiers. J’y suis allé. Trajet à pied de la maison place Saint-Georges à Notre-Dame de Lorette ; de là au Père-Lachaise par les boulevards. Foule immense. Discours médiocres. Il y a eu des choses touchantes, la bannière de Belfort.


11 septembre. — J’ai écrit il y a trois jours au général Deligny pour Talmeyr (Maurice Coste). Il y a ordonnance de non-lieu.


19 septembre. — Manifeste de Mac-Mahon. Un homme provoquant la France[1].


20 septembre. — Mac-Mahon a fait hier 19 l’ouverture de l’avenue de l’Opéra. Huées. Rires. Aboiement d’un chien.


20 septembre. — Talmeyr est arrivé à la fin du dîner. Je l’ai embrassé. Il m’a dit : Vous m’avez sauvé de dix ans de fers.


5 octobre. — M. Sorel, secrétaire de la présidence du Sénat, est venu de la part du président du Sénat m’informer que le gouvernement médite des poursuites contre l’Histoire d’un crime. Le président du Sénat fera son devoir et soutiendra l’inviolabilité des sénateurs. Quant à moi, j’accepte le combat.

  1. À l’approche des élections, Mac-Mahon laissait entendre dans son manifeste qu’il resterait au pouvoir, même en cas d’insuccès, pour défendre les intérêts conservateurs. (Note de l’éditeur.)