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Hugo collée dans les carnets et dont la date peut être fixée vers la première quinzaine de janvier 1867.


Lacroix a déjà jeté 260 000 francs dans cette affaire, et il lui tarde de rentrer dans ses débours. Le premier tirage est de 20 000 exemplaires. À cause de l’exiguïté du prix de vente (10 francs l’exemplaire), il n’y aura de bénéfice qu’après un écoulement de 40 000 exemplaires. Néanmoins Lacroix est plein de confiance. Il aurait la certitude d’un gros bénéfice sans la concurrence de la maison Hachette qui va lancer un guide illustré à 1 fr. 25.

Tu vas recevoir demain ou après-demain les premières feuilles du livre. J’ai achevé mon article sur la place Royale, en tenant compte de l’observation que tu m’as faite. Je n’ai parlé de notre maison qu’incidemment. Tu verras toi-même avec quelle discrétion.

Ton Introduction excite la curiosité générale. Beaucoup de journaux (entre autres le Figaro d’hier) l’annoncent comme un événement.


Cette lettre semblait impliquer que Lacroix souscrivait aux conditions de Victor Hugo pour la préface, mais Lacroix ne répondait toujours pas.

Louis Ulbach, fidèle à sa promesse, et ayant terminé ses démarches, envoyait la table des collaborateurs à Victor Hugo, qui, aussitôt, écrivait à Lacroix :


H.-H., 7 février. [1867.]


Cher monsieur Lacroix,

Je vous écris un mot in baste. J’ai reçu deux lettres excellentes de M. L. Ulbach. J’attends pour lui écrire l’arrivée des bonnes feuilles qu’il m’annonce. Dites-lui, je vous prie, que la table qu’il m’envoie offre un ensemble magnifique. Il a fait merveille. Je regrette plus que jamais l’absence de Meurice et de Vacquerie, et l’abstention de Charles. Je tiens, tout à fait, à MM. Emmanuel des Essarts, Gabriel Guillemot, Adrien Huart, Charles Bataille, Jules Lermina, Charles Asselineau. Pourquoi M. Ch. Monselet a-t-il disparu du programme ? (Et aussi les restaurants, cafés et cabarets.) Recommandez, je vous prie, à mon cher et excellent ami M. Ulbach les noms ci-dessus. Ce sont des amis, et des amis de talent. Je voudrais effacer des titres les mots empire et impérial. Ainsi dire : Archives de France. — Grande Bibliothèque de Paris, etc. Quelques articles n’y sont pas qui me sembleraient intéressants : les courses, le côté non peint des coulisses, etc. Envoyez ma lettre à l’ingénieux architecte de ce grand livre, avec toutes mes félicitations, mais tâchez donc d’y faire rentrer Meurice et Vacquerie !

Je n’ai plus de papier. — À bientôt une plus longue lettre. Mille affectueux compliments.

V. H.

Je voudrais rattacher à votre succès l’Étoile belge. Demandez donc un article au charmant correspondant parisien M. Desmoulins.

Rendez-moi le service de transmettre sûrement cette lettre à Paris.

Et à ce propos demandez donc un article à Mlle de Saint-Amand (à l’Arsenal) pleine d’esprit, et à Mme Marie Nodier.

Et Émile Deschanel ? (Versailles.)

Et Timothée Trimm ? Comment se fait-il qu’il manque à la liste ? Il est nécessaire. Je vous le demande et vous le recommande.


Dans un fragment de lettre collé sur un carnet de Victor Hugo vers la date du 19 février, François-Victor donne ce renseignement à son père :


Lacroix tient à paraître le 15 mars et je ne crois pas qu’il y parvienne. Car, moi qui te parle, je n’ai pas encore reçu l’épreuve de mon article qui doit être inséré dans le deuxième tiers du volume.


Victor Hugo avait exprimé le désir qu’on supprimât les mots empire et impérial. François-Victor répond le 24 février :


Ulbach a passé ici (Bruxelles) mercredi ; il aurait voulu comme toi supprimer du Paris-Guide les mots empire et impérial. Mais la difficulté est grande pour un livre qui prétend donner des renseignements préci ! Admettons qu’on dise : Bibliothèque nationale. Archives nationales, comment désignera-t-on le lycée Napoléon, le lycée Bonaparte ? Il y a un dessin