Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Correspondance, tome I.djvu/310

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répondre à votre aimable lettre du 15 mai dernier ; mais veuillez excuser l’impatience où je suis de vous exprimer toute notre reconnaissance pour l’indulgence avec laquelle l’Académie a accueilli nos ouvrages, et la bienveillance dont vous nous avez particulièrement honorés.

Permettez-moi, monsieur, de vous remercier, au nom de mon frère et au mien, de l’intérêt que vous nous témoignez, intérêt qui éclate d’une manière peut-être plus sensible encore dans les observations critiques que vous nous adressez que dans les louanges dont nous sommes confus, parce que nous sentons trop combien peu elles sont méritées.

Veuillez croire que ce n’est qu’en profitant de vos censures que nous tâcherons de nous rendre dignes de vos éloges ; et si, quelque jour, nous étions assez heureux l’un ou l’autre pour justifier en partie vos espérances, ce serait à l’Académie des Jeux Floraux, ce serait à vous, monsieur, et à vos honorables encouragements que nous le devrions. La direction que nous donnons à nos faibles talents est, sans doute, ce qu’ils ont de plus louable ; mais les obstacles dont on hérisse pour les jeunes auteurs la route que nous voulons suivre, nous auraient peut-être rebutés, si nous n’avions été soutenus par le glorieux suffrage de la plus ancienne Académie du royaume.

Si nous avons encore le bonheur de figurer dans vos solennités académiques, nous nous souviendrons, monsieur, de votre flatteuse invitation[1], et le plaisir de vous connaître et de vous exprimer de vive voix combien nous sentons vos bontés ne serait pas, monsieur, le moindre des motifs qui nous détermineraient à cet agréable voyage.

Maman a été sensiblement touchée de votre attention ; elle me charge de vous transmettre ses remerciements.

Dès longtemps, monsieur, elle vous connaissait de réputation, et le dernier paragraphe de votre lettre[2] n’a pas ajouté un médiocre plaisir à celui que lui ont causé nos succès.

Veuillez agréer l’expression de notre gratitude et du respect avec lequel j’ai l’honneur d’être, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur.

V.-M. Hugo.
  1. « En vérité, monsieur, vous viendriez à Toulouse recevoir vos prix, si vous saviez à quel point on vous y sait gré de vos vers. Je dis vous viendriez, et je parle pour l’avenir ; et j’en parle, si vous voulez bien, pour monsieur votre frère et pour vous. »
  2. « Bien que je n’aie pas l’honneur de connaître madame votre mère, je vous prie de la féliciter de ma part des satisfactions que lui assurent vos talents et la noble direction que vous leur donnez. » (Lettre de M. Pinaud, 15 mai.)