Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Correspondance, tome I.djvu/343

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dans un séminaire autre que celui de son diocèse ; si ensuite il s’engage à s’attacher au diocèse de Paris et que ce soit un sujet distingué, il pourra obtenir un quart de bourse, une demi-bourse ou même une bourse entière au séminaire de Saint-Sulpice. Je tiens ces détails de M. le duc de Rohan qui est venu dernièrement passer quelques jours à Paris. C’est un de mes amis intimes et le seul séminariste que je connaisse d’ailleurs. Je ne suis jamais plus heureux que lorsque je puis servir un de mes amis par le moyen d’un autre. N’en déplaise à Montaigne, je crois l’amitié aussi friande que la mélancolie.

Je désire vivement, mon cher Guiraud, que ces renseignements vous suffisent et vous satisfassent. Votre Virginie[1] m’occupe beaucoup, et votre vilain décemvir ne la convoitait pas, certes, plus que moi. J’espère cependant que le vif intérêt que je lui porte ne la fera pas tuer par son père. Mes norvégiens dorment[2], attendu l’hiver, la session législative et mes affaires domestiques. Je serais bien curieux de lire cet ouvrage de prose dont vous me parlez, je ne doute pas qu’il ne soit empreint de tout votre talent. J’ai rempli toutes vos commissions auprès de nos amis qui m’ont chargé en retour de mille souvenirs pour vous. Nul doute que votre exil ne soit inspiré comme l’exil d’Apollon. Adieu, nous vous attendons bien impatiemment ainsi que vos Macchabées[3] que tout le monde admire, même les sots. C’est un beau et vrai triomphe. Adieu, revenez ou répondez-moi vite, et écrivez long.

Votre ami,
V.-M. H.[4]


À Monsieur Trébuchet[5].


Paris, 26 décembre 1821.
Mon cher et excellent oncle,

L’an dernier, à cette même époque, c’était nous qui mêlions aux souhaits et aux espérances de bonheur des paroles de consolation, maintenant c’est nous qui vous en demandons. La Providence a voulu que les deux années

  1. Cette tragédie ne fut représentée au Théâtre-Français que le 28 avril 1827.
  2. L’action de Han d’Islande se passe en Norvège.
  3. Victor Hugo parle ici de la lecture des Macchabées, tragédie représentée le 14 juin 1822 à l’Odéon.
  4. Collection Louis Barthou.
  5. Inédite.