même au chagrin, même à l’ennui. Quant à moi, toutes mes idées s’envolent et je suis tout de suite vaincu quand je vois les passions et les intérêts entrer dans la lice. Les petites blessures me tuent. Je suis, passez-moi l’orgueil de cette comparaison, je suis comme Achille, vulnérable par le talon.
J’ajoute un mot, cher papa, à la lettre de notre Adèle ; je voudrais pouvoir ajouter quelque chose à l’expression de sa tendresse pour toi et ta femme ; mais je ne saurais exprimer mieux qu’elle ce qu’elle sent aussi bien que moi.
Je voulais, comme elle te le dit, t’envoyer le portrait de ta Léopoldine dans ma plus prochaine lettre ; mais mon désir de te le donner ressemblant me l’ayant déjà fait deux ou trois fois recommencer, je ne veux pas tarder plus longtemps à solliciter de tes nouvelles pour nous, pour Abel et pour la famille Foucher.
Rabbe[1], qui est venu hier dîner avec nous, m’a parlé de toi avec le plus tendre et le plus respectueux attachement ; c’est un bon et noble ami.
Louis nous a envoyé ces jours-ci un superbe panier de gibier que nous avons mangé en famille, avec le vif regret de ne pas vous le voir partager.
Adieu, bien cher et bien excellent père ; je m’occupe en ce moment de ramasser de la besogne pour notre séjour à Blois, qui nous promet tant de bonheur.
Notre Didine est charmante. Elle ressemble à sa mère, elle ressemble à son grand-père. Embrasse pour elle sa bonne marraine.
Où en est ta demande près du ministre ? Veux-tu que je m’en informe ? As-tu vu que des exceptions ont été faites[2] ?