Encore quelques heures, et je t’embrasserai sur tes deux bonnes petites joues, et mon gros Charlot, et ma petite Dédé qui me sourira, j’espère, et mon pauvre Toto l’exilé.
À bientôt, ma Didine. Garde toujours cette lettre. Quand tu seras grande, je serai vieux, tu me la montreras, et nous nous aimerons bien ; quand tu seras vieille, je n’y serai plus, tu la montreras à tes enfants et ils t’aimeront comme je t’aime. — À bientôt.
Votre Altesse Royale accueillera-t-elle la prière d’un inconnu pour un inconnu ? Je n’ose l’espérer ; cependant je croirai avoir rempli mon devoir de conscience en essayant.
Voici une lettre qui m’arrive. Elle est mêlée à une foule d’autres qui me demandent aide et secours, à moi pauvre et inutile poëte. Celle-ci m’a ému et intéressé entre toutes. Je n’en connais pas le signataire. Mais si les faits sont vrais (et le ton de sincérité de la lettre me porte à le croire), ils méritent attention. C’est un père qui supplie pour son fils ; c’est un vieux professeur qui supplie pour ses livres. Je renvoie cette lettre à Votre Altesse Royale ; Qu’elle me pardonne cette liberté. Nous sommes dans un moment où chacun met au jour son ambition, j’y mets la mienne aussi. Elle se borne à tâcher de faire un peu de bien, chétivement et obscurément, et à aider ceux qui en font de leur côté avec puissance et éclat. Le bien plaît à votre noble cœur ; il est toujours possible à votre haute fortune. Vous êtes de ceux qui le veulent et de ceux qui le peuvent. Il est tout simple qu’on s’adresse à vous[2].
J’ai rempli les intentions bienfaisantes de Votre Altesse Royale. Qu’elle me permette de déposer à ses pieds le reçu du pauvre vieillard qu’elle a daigné secourir. La reconnaissance qu’il me charge d’exprimer à Votre Altesse Royale est sans borne. La mienne n’est pas moins profonde. Le gracieux