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empressement avec lequel Votre Altesse Royale a accueilli mon obscure recommandation m’a pénétré jusqu’au fond du cœur. J’en garderai le souvenir.

Après avoir porté le bienfait au suppliant, je rapporte aujourd’hui la reconnaissance au bienfaiteur. Ce rôle est plein de douceur pour moi. Simple témoin dans cette affaire, j’ai pu voir avec quelle grâce Votre Altesse Royale pratique la plus humble comme la plus haute de toutes les vertus, la charité. Aujourd’hui, prince, Votre Altesse Royale recueille le fruit de sa bonne action, le dévouement d’un infortuné. Vous êtes heureux, il est reconnaissant. Et moi je participe à la fois des deux sentiments. Je ne suis pas moins heureux que vous, ni moins reconnaissant que lui[1].


1835.


À Lamartine.[2]


Merci, mon illustre frère. Votre lettre m’est arrivée au moment où je lisais des vers divins qui sont de vous. J’étais avec le poëte au moment où l’ami est venu me serrer la main.

Vous avez raison pour le 4e acte[3]. Cela tient à ce que la pièce n’est pas jouée comme je l’ai écrite. Lisez-la. Vous serez content du 4e acte précisément par le point que vous désirez. Mais les stupides impatiences des gens qui veulent toujours qu’on se hâte au théâtre, nous obligent souvent à n’y montrer que des raccourcis, surtout dans les derniers actes.

Heureusement la pièce imprimée nous venge de la pièce représentée.

J’irai chercher votre 4e[4] volume.

Mettez-moi aux pieds de votre femme. Je suis à elle du fond de l’âme et à vous du fond du cœur.

Victor Hugo[5].
1er mai [1835].


À Mademoiselle Louise Bertin.


Ce mardi matin, 22 mai 1835[6].
Mademoiselle,

Quoique Poupée se soit chargée de vous donner des nouvelles de toute la maison, permettez-moi d’ajouter un mot à sa lettre. Ma femme se pro-

  1. Brouillon. Archives de la famille de Victor Hugo.
  2. Inédite.
  3. Dans sa lettre du 29 avril, Lamartine écrivait à Victor Hugo : « L’idée du 4e, selon moi une des plus neuves au théâtre, n’est pas suffisamment exploitée. Revenez-y ». La fin de ce quatrième acte (Angelo, première partie, troisième journée) fut supprimée à la représentation et ne fut rétablie qu’à la reprise, au Théâtre Sarah Bernhardt, le 7 février 1905.
  4. Souvenirs, impressions, pensées et paysages.
  5. Communiquée par Mlle Mariotte.
  6. Il y a erreur de date ; le 22 mai tombait en 1835 un vendredi.