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À Madame Victor Hugo.


[26 juin 1848][1].

Chère amie, je suis dans d’affreuses anxiétés. Où êtes-vous ? que devenez-vous ? Depuis deux jours, je rôde jour et nuit autour du quartier sans pouvoir y pénétrer. J’ai le cœur déchiré. Écris-moi un mot, dis-moi que vous êtes tous en sûreté et que vous allez tous bien. Je ne vis pas. Donne-moi des nouvelles détaillées de vous tous.

Je suis ici depuis vingt-quatre heures avec un mandat d’ordre, de paix et de conciliation. Dieu nous aide et nous aidera. La France sera sauvée.

Surtout, sois tranquille sur moi. Je vais bien, quoique épuisé de fatigue.


À Monsieur Charles de Lacretelle.


De l’Assemblée, 1er juillet 1848.

Nous sommes tous sains et saufs, mon vénérable et cher ami ; Dieu n’a pas voulu de moi, car j’offrais ma vie avec joie pour arrêter cette funeste effusion du sang français.

Je vous écris à la hâte dans ce tourbillon qu’on appelle l’Assemblée. Ma femme embrasse tendrement la vôtre. Nous déménageons aujourd’hui. Écrivez-moi désormais, 5, rue d’Isly.

Je vous serre tendrement les deux mains.


À Alphonse Karr.


3 juillet 1848.

Vous avez su par les journaux, mon cher ami, l’invasion de ma maison par les insurgés, je leur dois cette justice et je la leur rends volontiers, qu’ils ont tout respecté chez moi : ils en sont sortis comme ils y étaient entrés. Seulement un dossier de pétitions qui était sur une table dans mon cabinet a disparu, et je n’ai pu le retrouver ; ce dossier contenait entre autres la pétition des habitants du Havre que je m’étais chargé de déposer sur le bureau de l’Assemblée nationale.

... Cette pétition portait, à ma connaissance, cinq mille signatures.

Je vous serre la main et suis à vous du fond du cœur.

Victor Hugo[2].
  1. Écrit au crayon.
  2. Les Guêpes, 4 mai 1873.