Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Correspondance, tome II.djvu/240

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

par vous. Qui est plus intelligent ? Qui est plus spirituel ? Qui est meilleur ?

J’embrasse Mme  Parfait sur votre joue. Mettez mes vœux et mes hommages et mes remerciements à ses pieds[1].


À Madame David d’Angers.


Guernesey, 9 janvier 1856.

Il n’y a pas, madame, de consolation pour une telle perte, pas plus qu’il n’y a de remplaçant pour un tel mort. Le grand sculpteur est mort, l’homme excellent est mort, le vide ne sera comblé ni dans votre cœur, ni dans la gloire.

Il est parti, lui, dans son pays, et, l’humanité dans l’ombre, lui, le voilà dans la lumière. Envions-le : tendons les bras, nous, les enchaînés et les exilés, vers lui le rapatrié et le délivré.

Ma douleur est profonde, mais je n’ose en parler à la vôtre. C’était mon frère, mais c’était la moitié de votre âme. Permettez-moi seulement de pleurer avec vous, madame, à vos pieds.

Victor Hugo[2].


À Alexandre Dumas.


Hauteville-House,
Guernesey, 22 janvier [1856].

Voici, cher Dumas, le portrait peu souriant qui ne vous était pas parvenu. Cette figure sévère se tourne vers Bonap. le petit pour s’indigner, ou vers l’Orestie[3] pour admirer.

Je vous applaudis du fond de mon vacarme de vents et de flots. Vous faites du bruit et j’en entends. Je m’interromps souvent dans ma rêverie pour crier : bravo, océan, et bravo, Dumas !

Si vous avez occasion de voir notre charmante visiteuse de cet été, Mme  Bertaut, demandez-lui si elle a reçu de ma part un grand anglais avec

  1. Louis Barthou. Impressions et Essais.
  2. Henry Jouin. David d’Angers et ses amitiés littéraires.
  3. L’Orestie, tragédie représentée à la Porte-Saint-Martin, le 5 janvier 1856.