Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Correspondance, tome II.djvu/271

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nisme a fait son temps. Le vêtement même de Luther est trop étroit pour les fils de la Révolution.

Vous ne devez rien comprendre à cette avalanche de stamps que contient ma lettre. Explication : un proscrit pauvre appelé Collet a ouvert une souscription à Londres où il demeure. Il a envoyé une liste ici. Personne (vu la pauvreté de tous) n’a souscrit, si ce n’est un proscrit qui a donné 1 franc et moi qui ai ajouté 5 francs, — cela fait six francs. Je vous les envoie en stamps. Aurez-vous la bonté de faire parvenir les stamps ou l’argent à M. Collet dont voici l’adresse : M. Collet, 40, Graci Church Street — chez M. Barbet.

Pardon et merci.

Je n’ai plus que la place d’un tendre serrement de main.

Victor Hugo[1].


À Albert Lacroix[2].


Hauteville-House, 18 janvier 1857.

Vos lettres, monsieur, sont d’un noble esprit et me donnent hâte de lire votre livre[3]. J’ai tardé à vous répondre, ce que vous me pardonneriez aisément, si vous voyiez de quels travaux et de quelles affaires de tout genre je suis, à la lettre, accablé. Je vous lirai avec bonheur. Nous avons une religion intellectuelle commune. Vous avez la généreuse ambition d’être un des porte-flambeaux du progrès. En relisant vos deux lettres, empreintes de tant d’élévation, je sens que vous en êtes digne. Prenez donc rang, monsieur, en tête de la phalange des esprits en marche. Je vous tends la main.

Victor Hugo[4].


À Paul Meurice.


18 janvier.

Encore des ennuis que je vous envoie, comme manière de vous prouver ma reconnaissance pour toutes les peines que je vous donne. Votre lettre sur

  1. Communiquée par la librairie Cornuau.
  2. Albert Lacroix, le futur éditeur des Misérables, de William Shakespeare, des Chansons des Rues et des Bois, des Travailleurs de la Mer, publia un drame et quelques volumes d’histoire. Il fonda, en 1861, une maison d’édition.
  3. Histoire de l’influence de Shakespeare sur le théâtre français jusqu’à nos jours. Le 13 décembre 1856, Lacroix avait demandé à Victor Hugo la permission de lui envoyer son volume.
  4. Le Temps, 20 février 1902.