d’Anvers à Guernesey prendrait trop de place ici, et c’est de vous que je veux vous parler. Quand votre livre si désiré m’est arrivé enfin, j’étais malade, et pour le lire il m’a fallu attendre la convalescence. Que vous en dire ? C’est un grand et profond travail. Je ne puis l’apprécier sous le rapport stratégique, mais la valeur historique d’un tel livre est de ma compétence, et c’est du fond du cœur que je vous félicite. Cette sombre bataille de Waterloo est une de mes émotions presque permanentes, et je n’ai pu lire sans larmes et sans fièvre le grand récit que vous en faites. Quel cœur de patriote dans ces pages poignantes et simples ! Vous êtes le soldat comme je l’aime, ayant toute la fierté du français et toute la dignité du démocrate. Le jour où il vous plaît d’écrire, vous trouvez dans votre esprit net et ferme un vigoureux talent d’écrivain, et vous mettez au service de l’histoire et de vos convictions une plume qui vaut une épée. — Je vous remercie d’avoir fait ce beau livre, et je vous embrasse.
Au revers de la lettre ce mot d’Hetzel :
1° V. H. a été malade et presque mourant pendant 3 mois[1].
2° Notre paquet a été un an en route, voilà pourquoi cette lettre qui m’arrive aujourd’hui 14 7bre[2]. ne vous arrive qu’à la 3e édition de votre livre.
Viendrez-vous à Guernesey ?
Je vous ai écrit l’an dernier par un pauvre jeune poëte phthisique, qui avait beaucoup de talent et qui allait à Nice, et qui est mort avant d’avoir pu vous remettre ma lettre.