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CORRESPONDANCE. — 1862.

d’effronterie. Mes éditeurs vont redoubler de précautions, et je les en approuve. Conseillez-les, conseillez-les.

J’ai indiqué à M. Lacroix, Claye et Noël Parfait. Complétez et rectifiez mes indications.

Vous travaillez, vous faites un drame, et je vous en remercie. Que du moins nos esprits se saluent, se mêlent et se pénètrent à travers la distance et par-dessus la mer.

Vous savez comme je suis vôtre.

V.[1]


1862.


À M. Octave Giraud.


Hauteville-House, 17 janvier 1862.

Je vous remercie, monsieur, de m’avoir fait lire votre excellent écrit sur l’esclavage. L’esclavage est la plus grande des questions purement terrestres ; la moitié du monde disparaît sous cette nuit hideuse, une république s’y abîme : toutes les forces du progrès doivent se tourner de ce côté. Là est la honte, là est le crime, là sont les ténèbres. « L’homme possédé par l’homme ! » Ceci est la plus haute offense qui puisse être faite à Dieu, seul maître du genre humain. Un seul esclave sur la terre suffit pour déshonorer la liberté de tous les hommes. Aussi l’abolition de l’esclavage est-elle, à cette heure, le but suprême des penseurs. Vous avez bien fait, monsieur, d’élever la voix, vous tirez noblement l’épée pour la cause sainte ; vous êtes éloquent et vaillant ; avec des combattants tels que vous, le droit vaincra. Je vous remercie et je vous félicite.

Encore quelques efforts, le jour approche. L’esclavage est un ulcère à la face de la jeune république américaine, elle a beau se débattre ; malgré elle nous la délivrerons de son ulcère, et nous la guérirons.

Je vous serre la main, monsieur.

Victor Hugo[2].
  1. Bibliothèque Nationale.
  2. La Gironde, 23 janvier 1862. — Extrait de journal collé dans le manuscrit du Reliquat, Documents, Actes et Paroles. Pendant l’Exil.