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J’ai ici, venu à Guernesey pour me voir, M. Ruscol, rédacteur en chef propriétaire du Courrier de l’Europe. Il a regretté que l’article de Lefort sur vous n’eût pas quatre colonnes. Mais quelle peine j’ai eue à faire écrire cette petite colonne à Lefort, bon garçon, mais décidément bien empichatté[1].


À Jules Janin.


Hauteville-House. [Mai 1864].

Oui, mon glorieux et cher compagnon de travail en ce grand xixe siècle, oui, mon éloquent confrère, j’aime la louange[2] à la condition qu’elle soit élégante, noble et haute, à la condition qu’elle ait toutes les grâces et toutes les fiertés du style, à la condition qu’elle vienne d’une conscience sereine et d’un cœur vaillant, à la condition qu’elle soit magistrale et douce, à la condition qu’elle soit signée Jules Janin. De mon côté, je tâche de n’en pas être indigne ; quand vous passez dans mon ombre, mes branches saluent ; je suis la forêt et vous êtes le consul.

Tuus.
Victor Hugo[3].


À Alfred Sirven[4].


Hauteville-House, 9 août [1864].

Votre Homme noir est terrible, et vous le racontez puissamment. Je vous félicite, monsieur, de ce livre. Votre nom vous engage envers Voltaire, et votre talent doit aide et concours à la grande œuvre commencée par cet esprit. La société actuelle a besoin des graves leçons de la libre-pensée. J’espère pour vous un beau succès.

Croyez à mes cordiales sympathies.

Victor Hugo[5].
  1. Bibliothèque Nationale.
  2. Dans sa réponse du 19 mai, Jules Janin protestait vivement contre le conseil du poëte qui, pour ménager les intérêts de son ami à l’Académie, l’exhortait à ne plus parler de lui ; il répliquait : « Donc, qu’il vous plaise ou non, je ne cesserai pas ma louange ».
  3. Clément-Janin. Victor Hugo en exil.
  4. Alfred Sirven descendait de la famille protestante réhabilitée par l’intervention de Voltaire. Journaliste, il fonda La Petite presse, devint rédacteur en chef du Gaulois, qui fut supprimé à cause de ses violents articles en 1861. En 1867, il fit paraître Les Orateurs de la Liberté, publication consacrée à Victor Hugo et qui fut, peut-être pour cela, vite interdite. On a de lui une biographie des Journaux et Journalistes fort intéressante.
  5. Le fac-similé de cette lettre a paru en tête du roman d’Alfred Sirven : L’Homme noir, publié en 1873.