Cher Alfred, Julie me dit le profond malheur qui te frappe[1]. Le deuil est sur toi comme sur moi. Quel coup pour la pauvre mère ! Heureusement, elle sait que les âmes s’attendent hors de la vie et se retrouvent dans la lumière. Dis-lui ma profonde sympathie et reçois mon plus cordial serrement de main.
Je reçois ta lettre, mon Victor. Je t’avance, comme tu le désires, tes mois d’août, 7bre et 8bre. Tu trouveras ci-incluse une traite sur Mallet frères, à vue, à ton ordre, de 960 fr. qui se décomposent ainsi[4] :
Ta mère, arrivant ce soir même samedi, apportera de son côté l’argent qu’elle aura d’excédent sur les 1 000 fr. que Meurice vient de lui remettre.
Depuis deux jours le vent souffle en tempête ; cependant il mollit un peu. S’il tombe d’ici à demain, lundi sera le jour du départ et mercredi 29 serait le jour d’arrivée à Bruxelles. Si la tempête continue, le départ serait ajourné jusqu’à mercredi 29, ce qui mettrait l’arrivée au vendredi 31. Tu sais mon peu de goût pour le vendredi, ce qui, joint à la soif de vous embrasser tous me fait vivement désirer de pouvoir partir lundi 27 ; cela dépendra du temps et du vent.
Deo volente.
Dim. 26. 9h du matin. La pluie a abattu le vent. Il est ouest, mais faible. Si rien n’empire, nous partirons demain lundi. Recommande à Marianne de me tenir ma chambre prête et mes vêtements du matin, pantalon à pied, pantoufles, etc. Plus une bouteille de très bon café froid. — Pauvre Thérèse ! — Je pense que Charles est revenu tout de suite de Spa.
J’embrasse ta bonne mère et toi, et tous. Quel bonheur, bientôt ! À mercredi !