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À Auguste Vacquerie


27 août.

Cher Auguste, c’est fini. Je suis accablé et navré. Elle est morte ce matin à 6 h. 1/2. Elle n’avait jamais été si bien en apparence. Le 24, je lui faisais faire le tour de Bruxelles en calèche. Elle était gaie et souriait à tout. Avant-hier, attaque ; hier, agonie ; aujourd’hui, mort. Nous sanglotons et je vous écris. Elle a demandé d’être portée à Villequier, près de sa fille, près de notre enfant bien-aimé, près de ces deux êtres adorés qui sont là et que nous pleurons tous à jamais. Je vous l’envoie. Recevez ce corps. Dieu recevra l’âme.

À vous profondément.

V.

Allix a été admirable. Il est venu. Il la remmène[1].


À Armand Barbès[2].


Bruxelles, 29 août.
Héroïque et cher proscrit,

Votre lettre ressemble à votre main pressant la mienne. Je suis accablé, mais j’espère. J’attends la vie suprême qui est dans la mort. Vous aussi, vous avez foi dans ce sublime et infaillible avenir. Votre grande âme ne peut nier l’âme.

Cette douce morte était une vaillante et fière compagne. Elle avait toutes les grandeurs, y compris la bonté. Elle m’aimait. Je pleure profondément.

Merci, mon admirable ami.

Victor Hugo[3].


À Paul Meurice.


1er 7bre.

Meurice, mon doux et noble ami, je lis vos adorables adieux à cette chère morte[4], et voici mes larmes qui recommencent. Cela ne coulait plus, et m’étouffait. Vous me faites pleurer. Merci.

V. H.[5]
  1. Actes et Paroles. Pendant l’exil. Historique. Édition de l’Imprimerie Nationale.
  2. Inédite.
  3. Communiquée par M. Charles Baudet, arrière-petit-neveu de Barbès.
  4. Ces paroles ont été publiées dans Actes et Paroles. Pendant l’exil.
  5. Correspondance entre Victor Hugo et Paul Meurice.