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petits lits. Mon Charles, j’ai fait enclore non seulement le bassin, mais la terrasse. Georges pourra s’ébattre à son aise. J’ai mis sur mon balcon à moi une écuelle pleine de mie de pain avec une planche sur laquelle j’ai écrit :

Passereaux et Rouges-gorges,
Venez des airs et des eaux,
Venez tous faire vos orges.
Messieurs les petits oiseaux.
Chez Monsieur le Petit Georges.

Voilà donc les invitations faites.

Les oiseaux sont à peu près les seuls habitants de Guernesey qu’on puisse voir.

On déjeunera à midi. On dînera à six heures et demie. On fera de quatre à six une promenade dans une grande voiture où toute la nichée tiendra, avec toi ou moi sur le siège. Tu choisiras d’être sur le siège ou dans l’intérieur. L’île est ravissante en ce moment. C’est comme une grosse fleur. Si Victor venait (dis-le lui donc !) nous oublierions ensemble Bonaparte pendant un temps indéfini.

Arrivez vite. Le temps est superbe[1].


À Charles[2].


H.-H., 25 mai.

Mon Charles, je te fais (interrompu par un pâté) cadeau des mille francs comme don de joyeux avènement. Mais ne t’y habitue pas, attendu que je serai très gêné cette année ; je me suis fourré dans la caboche d’assurer l’avenir de Georges et de Jeanne, et par conséquent je ne veux jamais dépenser au delà de mon revenu. Tu vois qu’une lueur de sagesse peut encore trembloter dans le cerveau des vieux bonshommes. Ton empereur rural m’a enchanté, tes j’avions sont superbes. Si j’étais toi, je parlerais au moins deux fois par semaine dans les soixante-dix mille tribunes du Rappel.

... À Londres, descends au Royal Hôtel, chez Keyser, mais n’y reste qu’un jour. Londres est cher. Sur ce, je suis bien content. Bonjour, Alice, bonjour Georges, bonjour Cacane, bonjour Charles le Téméraire qui te couvres de gloire et de prison. Nos deux Julies, dont nous avons fait la fête, le 21, vous attendent avec fièvre et joie, et moi je croise sur vous quatre mes vieilles pattes, ô mes bien-aimés[3] !

  1. L’Illustration, mars 1902.
  2. Inédite.
  3. Bibliothèque Nationale.