Voici trois lettres coup sur coup, mais je tiens à vous répondre tout de suite. Que vous êtes bon de me rapporter quelque chose de ce grand succès ! On pourrait en effet le continuer un peu par le tome II des Châtiments[2] (la partie publiable), mais je voudrais profiter de l’occasion pour constituer le faisceau qui ferait votre groupe non seulement invincible, mais invulnérable. J’approuve absolument votre idée d’une librairie, mais ne pourrait-elle pas être celle des journaux réunis ? Quant à M. Lacroix, je m’explique son silence par une lettre d’Hetzel qui me demande de se substituer à M. Lacroix. — Il le désintéresserait. Il y a évidemment pourparlers à ce sujet entre Hetzel et M. Lacroix. Peut-être pourriez-vous voir utilement Hetzel. Je lui ai écrit que je le préférais, certes, à M. Lacroix, et je l’ai engagé à demander à M. Lacroix communication de votre lettre, ce qui mettra Hetzel au fait. — Les Quatre Vents de l’Esprit feront, je crois, un assez grand effet d’ensemble ; cette quadruple face d’un poëte sera, je me l’imagine, frappante. De là la nécessité de publier les deux volumes à la fois et en quelque sorte de front, et d’un seul morceau. Vous m’approuverez certainement. — Charles va passer une dizaine de jours à Jersey, et son retour coïncidera, j’espère, avec votre arrivée, car j’ai maintenant l’espérance de vous avoir, et il m’est impossible de la lâcher. Si Auguste voulait venir, comme ce serait gentil à lui ! Demandez-le lui donc. — Vous avez fait un bien bel article : le Pouvoir sera le Devoir. Quelle vue et quelle force ! et comme c’est dit d’une façon vigoureuse et charmante ! — Voici ma requête à Auguste. Voulez-vous être assez bon pour la lui remettre en l’apostillant énergiquement. — Je ne vois plus Lockroy dans le Rappel depuis quelques jours. Est-il en congé ? — En ce cas, faites comme lui et arrivez-moi. Tous vous veulent ici et vous attendent.
Profondément à vous[3].
Cher Auguste, qu’il y a longtemps que je n’ai causé avec vous ! je veux tous les jours vous écrire, et, lâche voluptueux, je me contente de vous