Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Correspondance, tome III.djvu/327

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
À Léon Cladel[1].


5 juin 1872.

Vous avez fait, monsieur, un livre puissant et vrai[2]. Vous touchez au mal, mais c’est pour le bien. Vous maniez hardiment la plaie en homme qui fait crier, mais qui saurait guérir. J’aime ces fortes pages où la vie est partout. Votre livre est un livre de vérité et de probité.

Je vous remercie.

Victor Hugo[3].


À Monsieur F. Hérold[4].


15 juin 1872.
Mon cher Monsieur Hérold,

Je ne puis oublier mon gracieux visiteur de Guernesey, et j’espère que, de votre côté, vous m’avez gardé un petit coin dans votre souvenir. Je serais charmé, particulièrement aujourd’hui, que mon nom fût encore quelque chose pour vous. Je voudrais recommander à votre très sérieuse attention un candidat à la direction de l’Odéon, M. Ernest Blum. M. Blum est un (des) hommes les plus distingués de la jeune littérature actuelle. Il a toutes les qualités de l’administrateur, ce qui ne l’empêche pas d’être un écrivain charmant. Je le verrais, quant à moi, avec un vif plaisir, à la tête d’un beau théâtre comme l’Odéon, et je ne doute pas qu’il ne rendît au grand art de vrais et sérieux services. Vous pouvez, si vous le jugez à propos, communiquer ma lettre à votre honorable collègue M. Régnier. Je crois savoir que votre avis à tous les deux, aura beaucoup d’influence sur le choix à faire, et je n’hésite pas à vous dire que toutes nos préférences littéraires sont pour M. Ernest Blum. Je vous le recommande donc de la manière la plus vive et la plus expresse, et je vous prie de recevoir, comme il y a vingt ans, mon serrement de main cordial.

Victor Hugo[5].
  1. Léon Cladel, républicain démocrate, a publié nombre d’ouvrages divers, tous empreints de pitié pour les malheureux, les humbles.
  2. La fête votive de saint Bartholomé Porte-Glaive.
  3. Les Nouvelles littéraires, 30 mars 1935.
  4. Inédite.
  5. Communiquée par M. F. Hérold.