Je viens de lire Pygmalion. C’est une œuvre. Quelle lutte puissante, la femme contre la statue ! Et quel beau dénouement, ce sourire du marbre !
Vous ne partez pas encore, j’espère. Venez donc dîner avec vos amis de la rue Pigalle. — Cher poëte, je vous aime bien.
Je reçois l’Orchestre. Après bravo, merci[2].
C’est au ministre et au confrère que j’écris ; au confrère, parce qu’il s’agit d’un poëte, au ministre, parce qu’il s’agit d’une bonne action à faire au nom de l’état.
Théophile Gautier est un des hommes qui honorent notre pays et notre temps ; il est au premier rang comme poëte, comme critique, comme artiste, comme écrivain. Sa renommée fait partie de la gloire française. Eh bien, à cette heure, Théophile Gautier lutte à la fois contre la maladie et contre la détresse. Accablé des tortures d’une affection chronique inexorable, il est forcé, à travers la souffrance et presque l’agonie, de travailler pour vivre. J’en ai dit assez, n’est-ce pas, pour un cœur tel que le vôtre ? Théophile Gautier a une famille nombreuse qu’il soutient et pour laquelle il épuise ses dernières forces. Je vous demande, au nom de l’honneur littéraire de notre pays, de lui venir en aide avec cette promptitude qui double le bien qu’on fait, et d’attribuer à Théophile Gautier la plus forte indemnité annuelle dont vous puissiez disposer[3].
Ce que vous ferez pour Théophile Gautier, vous le ferez pour nous tous ; vous le ferez pour vous-même ; et tous, d’avance nous vous remercions.
Cher confrère et cher ami, je compte sur votre fraternité littéraire, et je vous serre la main.
- ↑ Inédite.
- ↑ Communiquée par M. Léon de Saint-Valery.
- ↑ Jules Simon alloua à Théophile Gautier une pension de trois mille francs et lui fit envoyer, sur la demande de Victor Hugo, un supplément immédiat de trois mille francs.
- ↑ Actes et Paroles. Depuis l’exil. Historique. Édition de l’Imprimerie Nationale.