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Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Correspondance, tome III.djvu/342

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À Paul Meurice.


H.-H., jeudi [7 novembre 1872].

« Les oiseaux ne sont pas bêtes, et reconnaissaient ses ailes ». Que c’est exquis ! Pauvre grande Jeanne d’Arc, la voilà donc enfin conquise pour l’art. Elle était restée en effet la Yung Frau. Pas un historien, pas un poëte n’avait eu cette virginité héroïque. C’est vous qui allez dépuceler la Pucelle. Je vois cela. Je suis content. Tout ce qui est gloire pour vous est joie pour moi.

Votre théorie des personnages historiques dans le roman et le drame est admirablement juste et vraie.

Voudrez-vous être assez bon pour remettre cet envoi à M. Catulle Mendès. Ce sont les vers qu’il m’a demandés pour le livre destiné à Théophile Gautier. Je serais charmé qu’il eût votre avis sur la meilleure façon de les publier, soit qu’on les donne d’abord aux journaux, soit qu’on les réserve pour le moment de la publication du volume. Votre avis est d’avance le mien.

Ces dames ici embrassent tendrement Madame Paul Meurice, mettez-moi à ses pieds. Cher ami, je suis vôtre passionnément.

V.[1]


Au même.


H.-H., 10 novembre.

Il est dit que je ne puis pas sortir de Jeanne ; je pense à la mienne et je lis la vôtre ; la mienne est toute petite, la vôtre est bien grande, et toutes deux m’enchantent.

Autre chose dont je ne sors pas ; c’est le besoin que j’ai de vous demander conseil. Vous trouverez sous ce pli la pièce Alsace et Lorraine que je viens de faire pour le livre que la Société des Gens de lettres publie au profit de la souscription nationale. Cette pièce sera jointe plus tard à l’Année terrible[2]. Pour l’instant, voici la question ; je vous la soumets : Est-elle publiable ? — Elle est vive. Seriez-vous assez bon pour communiquer cette pièce de ma part à M. Charles Valois, président du comité des gens de lettres, et pour

  1. Bibliothèque Nationale.
  2. Elle n’en fait pas partie ; publiée en 1875 dans Actes et Paroles, Depuis l’exil, elle a été insérée dans Toute la Lyre.