Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Correspondance, tome III.djvu/346

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tendue ; nous approchons d’une crise[1], et la dissolution, de plus en plus prochaine, amènera l’amnistie. J’espère alors que vous serez heureuse. Il me sera, je pense, donné de vous revoir à Paris. En attendant, je ne doute pas que votre cher mari ne continue les grands succès dus à ses beaux travaux ; je lui serre la main, et je mets à vos pieds, madame, tous mes hommages.

Victor Hugo[2].


À Madame Versigny[3].


Hauteville-House, 6 décembre 1872.
Madame,

Victor Versigny avait été mon compagnon de lutte et d’exil. Ce fut lui qui le 2 décembre, au point du jour, entra dans ma chambre, me réveilla et m’annonça le coup d’état. Il seconda, dans les combats de la rue, le comité de résistance dont je faisais partie avec Schœlcher et Michel de Bourges. Nous nous retrouvâmes à Bruxelles, proscrits. Depuis, je l’avais revu en France, heureux. Il était votre mari, madame. Sa noble intelligence était digne de la vôtre, et vous méritiez ce cœur vaillant. Il est mort, ou du moins le voilà entré dans le monde invisible. Vous pleurez, madame. Je dépose à vos pieds ma douleur profonde.

Victor Hugo[4].


À Paul Meurice[5].


H.-H., 15 Xbre.

Cher Meurice, j’apprends ce matin un incident qui me chagrine, et, comme toujours, je me tourne vers vous, ma providence. Vous savez que j’aime les Lanvin[6], et que j’ai toutes les raisons du monde de les aimer. Madame Drouet me dit aujourd’hui que ce brave fils Lanvin, marié et père de trois enfants, a perdu depuis un mois sa place au Peuple souverain,

  1. La crise à laquelle Victor Hugo fait allusion était le conflit permanent entre la majorité royaliste et Thiers, alors président du gouvernement provisoire. Les journaux de l’époque parlent du désir, non exprimé par Thiers, mais évident, de dissoudre la Chambre qu’il espérait voir renouveler avec une majorité républicaine ; si une dissolution produisait ce résultat, Victor Hugo pouvait espérer l’amnistie pour les condamnés politiques de la Commune, amnistie qu’on ne pouvait attendre des royalistes.
  2. Institut de Littérature. Collection Modzlevski. Leningrad. — Communiquée par la Société des Relations culturelles entre l’U. R. S, S. et l’étranger.
  3. Inédite.
  4. Collection Gossi.Bibliothèque Nationale. Nouvelles acquisitions françaises.
  5. Inédite.
  6. Rappelons que c’est avec un passeport au nom de Lanvin que Victor Hugo quitta Paris en décembre 1851.