Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Correspondance, tome III.djvu/91

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Les trahisons du bon Théâtre-Français n’auront abouti jusqu’ici qu’à faire faire à Hernani dimanche une recette monstre de 7 024 fr. C’est bien fait. Mais à force de coups d’épingle ils finiront par arriver au coup de poignard. Je le prévois.

Quant à Ruy Blas, la croix d’honneur de Chilly se dresse entre l’Odéon et moi. Lisez, entre vous seulement, cette lettre de Meurice. Elle vous mettra au courant. Voici aussi un mot de Julie. Je vous écris in haste. Je compte en finir aujourd’hui de ma montagne de lettres arriérées. Il y en avait 8 ou 900. En répondant à une sur 10, cela a fait 90 lettres, c’est-à-dire environ 200 pages. Tel est le boulet que je traîne. Mais je vous aime.

Je songe avec attendrissement au commencement de chanson du petit Georges. Qu’il soit béni, ce doux être.

Chère femme bien-aimée, je remercie tes beaux yeux, s’ils vont mieux ; sinon je les gronde. Et puis, je vous serre tous et toutes dans mes vieux bras.

Quant à Ruy Blas, je ne ferai aucune concession d’aucune espèce[1].


À François-Victor[2].


H.-H., 7 9bre.

Splendid traduction, voilà, mon Victor, ce que vient de me dire de ta traduction un visiteur anglais enthousiaste de ton monument élevé à son poëte. Cet anglais m’apportait une lettre de lady Thomson, trésorière de l’Œuvre des enfants pauvres à Londres, m’annonçant qu’à cette heure mon idée, très populaire en Angleterre, avait produit ce résultat de nourrir, seulement à Londres, 6 000 petits pauvres. Six mille, en toutes lettres. Cela ne m’empêche pas de nourrir aussi un peu la place des Barricades. Voilà, ci-incluse, une traite de 1 600 fr. à l’ordre de ta mère. Je fais à Charles un cadeau de 100 fr. que tu lui remettras. Il reste en compte pour la maison 1 500 fr.

Je t’embrasse, fils bien-aimé[3].


À Charles.


H.-H., 7 novembre.

Mon Charles, j’avais entendu ton récit, aujourd’hui je le lis. Entendre, c’est une impression, lire en est une autre. C’est à peu près la différence qu’il y a entre le vin de Clos-Vougeot récolté perpendiculairement à la

  1. Bibliothèque Nationale.
  2. Inédite.
  3. Collection Louis Barthou — Lettre reliée dans : Les Sonnets de William Shakespeare.