Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Correspondance, tome IV.djvu/160

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À Monsieur Mayer[1].


Aux Roches, 1er octobre.

À l’âge de dix ans, monsieur, j’avais trente mille francs de rente. L’empire en s’écroulant a jeté bas ma fortune. Il a jeté bas bien d’autres choses. Aujourd’hui je ne suis plus qu’un ouvrier, vivant bon an mal an de mon travail, et mettant de côté tous les ans la dot future de mes filles. Je n’ai donc et ne puis pas avoir de secrétaire. Mais j’aime les beaux vers et les nobles sentiments, et sous ce double rapport, je vous remercie de la lettre que vous m’avez adressée.

Excusez, je vous prie, le retard de ma réponse. J’ai les yeux fort malades.

Agréez, Monsieur, l’assurance de mes sentiments distingués.

Victor Hugo[2].


1835


À Monsieur Alphonse de Cailleux[3],
Au Musée [de Versailles].


31 mars 1835.

Il faut, mon cher Cailleux, que vous me donniez une preuve de votre influence que je connais et de votre amitié que j’ai éprouvée. Un pauvre jeune peintre de talent, M. de Châtillon (r. Cadet, 11), a grand besoin en ce moment d’un travail que vous pouvez lui faire donner. Il avait envoyé au salon un tableau remarquable que le jury (qui se fera donner sur les ongles quelque jour) a fort brutalement mis à la porte. L’auteur avait le grand tort d’être jeune et d’avoir du talent. Vous pouvez réparer ce dommage. Voici comme.

Le Roi fait faire en ce moment une grande quantité de portraits de généraux, maréchaux et autres braves gens pour le musée de Versailles. Je sais que vous êtes tout-puissant dans cette distribution. Donnez un de ces

  1. Inédite.
  2. Collection Louis Barthou.
  3. Inédite.