Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Correspondance, tome IV.djvu/207

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Au même[1].


[Fin juin 1844.]

Vous avez été bien bon l’autre jour pour mon pauvre jeune peintre ; voulez-vous l’être aussi aujourd’hui pour un homme d’un nom honorable et d’une famille distinguée, réduit en ce moment aux plus dures extrémités, M. le marquis de Chaumont ? M. de Chaumont demeure aux Batignolles, rue Lemercier, 46. Il est auteur de plusieurs travaux littéraires, et a publié entre autres un volume de poésie italienne traduit par lui-même ; il a une jeune femme et un petit enfant ; diverses fatalités dans lesquelles sa faute n’est pour rien l’ont amené à la plus inexprimable détresse. En pareil cas, il le faut bien et on a raison, on frappe à toutes les portes. Il a frappé à la mienne, je frappe à la vôtre ; je vous sais excellent, j’en ai vu mainte preuve. Une allocation sur les fonds littéraires, si peu de chose que ce fût, cent ou cent cinquante francs, aiderait à cette heure M. de Chaumont de la manière la plus efficace. Je vous supplierais seulement de la faire arriver le plus tôt possible. C’est encore là une bonne œuvre. Faites-la. Vous voyez comme je compte sur vous. Ne me trouvez, je vous prie, ni importun, ni insatiable. Je suis insatiable en effet quand je demande pour ceux qui souffrent ; mais ne vous en plaignez pas. Je suis désintéressé, je ne vous demande rien pour moi ; si je vous sollicitais pour moi, je vous demanderais de nous donner un de ces soirs deux heures de votre gracieux esprit et de votre bonne conversation. Et j’ajouterais comme pour M. de Chaumont, le plus tôt possible.

Je vous serre la main ex imo corde.

Victor Hugo[2].


À Madame Victor Hugo[3].


Mardi 29 [octobre 1844]. Paris, 2h 1/4.

Sois pleine de sécurité, chère amie. Tes fils sont arrivés hier à dix heures du soir, gais et contents. Charles continue d’aller de mieux en mieux. Toto va t’écrire ce matin même tous les détails que tu veux.

Vu le mauvais temps voici ce que nous avons arrêté : ils resteront à la maison, et nous y déjeunerons ensemble tous les matins. Le soir, ils dîneront soit chez leur oncle Abel, soit chez Henry. Cet arrangement les charme. De cette façon Rosalie n’aura que le déjeuner à faire. Si le temps

  1. Inédite.
  2. Bibliothèque de l’Institut. — Collection H. Delaborde.
  3. Inédite.