Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., Correspondance, tome IV.djvu/214

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bon feu. Je suis venu, malgré la pluie, passer une journée avec eux. Charlot continue d’aller admirablement bien[1]. Les Georges sont excellents. Cependant les enfants partiront lundi pour aller retrouver Henry. J’espère que vous êtes tous bien là-bas, et j’ai toujours quelque espérance de vous aller voir. En vous quittant lundi, le cœur gros, je me suis mis à lire le feuilleton d’Auguste qui est très beau. Dis-le lui. Ô ma Dédé, quel bonheur si je peux t’embrasser ne fût-ce qu’un jour, à Villequier.

Je n’y vois plus clair, on sonne le dîner, je me dépêche et je t’écris avec une de ces affreuses épingles qu’on appelle plumes de fer. Tout cela t’explique mon griffonnage, mais ce que tu sauras bien lire à travers ce gribouillis, c’est que Charles va admirablement, que nous vous aimons, que nous vous désirons, et que je t’embrasse tendrement ainsi que ma Dédé. À bientôt. Mes respects à Madame Vacquerie. Amitiés et effusions à Auguste.

Minuit. Nous avons passé la soirée à jouer au Nain jaune. Charles et Toto ont été très gais et ont gagné 4 francs. Je t’écris ces dernières lignes dans la chambre de Toto où je vais coucher.

Mille tendresses, et viens que je t’embrasse encore ainsi que ma Dédé[2].


1847


À Madame Asseline[3].


Mardi 9 mars.

C’est à vous, bonne et heureuse mère, que je veux dire comme les vers d’Alfred sont charmants[4]. Votre fils est un bon, doux et spirituel garçon ; il a fait un livre qui lui ressemble, qui est petit, mais plein de grâce, plein d’honnêteté, plein de jeunesse. Qui ne connaîtra que le livre, aimera l’auteur ; qui ne connaît que l’auteur, aime d’avance le livre. Il y a dans Alfred un doux poëte.

Dites-le lui de ma part, et puis permettez-moi de serrer sa main et de baiser la vôtre.

Victor H.[5]
  1. Charles venait d’avoir la fièvre typhoïde.
  2. Bibliothèque Nationale.
  3. Inédite.
  4. Pâques fleuries.
  5. Communiquée par la librairie Cornuau.