Ma femme arrive de Paris, et m’apporte, Monsieur, votre excellent travail ; je le lis avec un extrême intérêt et j’y apprends beaucoup de choses. Je suis de ceux qui pensent, avec Marc-Aurèle, que l’homme est à l’école toute sa vie ; et, quelles que soient mes études spéciales, dans les matières que vous traitez si bien, je trouve grand profit à vous lire et à vous écouter. Courage. Continuez. À force d’insistance, vous serez entendu et vous rendrez de réels services à l’art et à l’histoire. J’ai une devise qui est sans doute aussi la vôtre : Perseverando.
Mon fils sera bien heureux de lire votre sentiment sur la Normandie inconnue[2] et me prie de vous en remercier d’avance.
Croyez, je vous prie, à tous mes sentiments de vive cordialité.
Depuis dix jours, je ne fais que parler de vous, de votre charmante femme, de votre vie noble et douce, de ce que vous dites, de ce que vous faites ; ma femme et ma fille et Auguste sont arrivés, et nous ont ravitaillés avec de l’air de chez vous. Cependant ils nous ont dit une chose triste : est-ce que c’est vrai que vous ne viendrez pas cette année ? J’avais fait force de voiles pour que ma maison, encore aux mains ou aux griffes des bons ouvriers guernesiais, fût un peu plus présentable que l’an dernier ; votre chambre va vous attendre. Je n’ose vous presser, je sais que c’est pour un grand travail que vous resteriez à Paris ; cependant je risque un mot ; dites-vous le vous-même avec toute l’expression que j’y mets : — tâchez ! — Veni, oro te, dit Timothée à Paul. Je ne suis pas Timothée, mais vous êtes Paul. Veni.
Je vous envoie quelques lettres. Est-ce que vous seriez assez bon pour les transmettre à leurs adresses ? Dans le nombre, vous en trouverez une à Bixio. Si vous voulez bien prendre la peine de la lui porter vous-même (lisez-la), Bixio vous remettra les 200 fr. qu’il m’a autorisé à tirer sur lui pour notre caisse de secours. J’ai déjà remis ces 200 fr. à notre caisse. Vous les garderez donc à valoir sur nos comptes.