Votre lettre m’émeut. Il faut une impossibilité absolue pour me priver d’être mêlé à tous ceux qui vont saluer ce puissant esprit, ce vaillant cœur, cette gloire[1] ! David honorera ce siècle. J’ai dit mon regret profond aux honorables représentants que la noble ville d’Angers a bien voulu m’envoyer ; je vous le répète, à vous que j’ai vu petit près de lui si grand, à vous le cher enfant de ce mort illustre. Je serai là pourtant, ma pensée y sera, je ne serai pas absent pour lui ; j’assisterai à cette solennité, à cette consécration, à ce couronnement. Mon cœur et mon âme y seront. Certes, David me connaît bien, et j’aurai une part de cette fête : la France lui payant sa dette auguste, la statue au statuaire.
Je vous serre dans mes bras.
Vilain jour, charmant puisque je reçois une lettre de toi, ma Jeanne bien-aimée.
Je vous écris à tous les trois. Je liquide mon retard. Sur un mot d’Alice, j’avais cru bêtement à votre retour immédiat, et je vous attendais. Non ! non ! amusez-vous encore aussi longtemps que vous pourrez. Je suis joyeux de vos joies. Ma pensée est avec vous. J’ai vu lancer avec Georges le vaisseau cuirassé qui a fait pleurer le roi Humbert ; j’ai vu, avec Jeanne, le Vésuve allumer sa pipe et fumer paisiblement pendant que six grosses flottes bisquent devant Duloignon. — Oui, j’étais avec vous, et je vous regardais être heureux. Mes enfants bien-aimés, jouissez de ce doux moment. Mon Alice, soyez heureuse en vos enfants, moi, je suis heureux en vous trois.
— 6 h. — Je finis ce billet, je veux qu’il parte aujourd’hui. J’espère que vous l’aurez avant de quitter Castellamare. Oui, amusez-vous. Prenez