Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., En voyage, tome II.djvu/369

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Pasages. Le soir, danses, rires, guitares. Tout à coup une sonnette passe et une voix dit : paralme almas del purgaterio. Tout le monde tombe à genoux.

Le dimanche musique payée par la ville. Deux ménétriers en haillons et l’air triste jouent du violon et cognent du tambour de basque. Toujours la même cadence ; la danse des ours. À cette musique dansent avec un bonheur grave et profond les plus belles filles du monde. Pepa et Pepita, les deux batelières, les deux sœurs, belles ; toutes deux ont quelque chose de pur et de noble. L’aînée a l’air chaste, la cadette a l’air virginal. On croirait voir une madone danser vis-à-vis d’une diane.

Beaux pâtres ; beaux pêcheurs ; bruns, basanés, robustes. Respectueux et tendres dans leurs gestes avec ces filles pudiques. Cette danse pourtant ressemble à nos danses défendues.

Les enfants dansent aussi ; marmots de deux ans qui chaloupent de façon à effaroucher des sergents de ville parisiens.

Ces paysans dansant ainsi avec leurs costumes pittoresques, chemises blanches, ceintures rouges, bérets bleus, vestes sur l’épaule, sont beaux, nobles, gracieux, presque antiques.

Des gnomes ventrus à faces larges et plates, en redingotes et en chapeaux tromblons, les regardent d’un air dédaigneux. Ce sont les bourgeois.