Page:Hugo - Œuvres complètes, Impr. nat., En voyage, tome II.djvu/424

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forme. Toutes les Pyrénées. Toute la ville. Toits d’ardoise. Une jeune dame anglaise que j’avais fait monter avec les personnes qui l’accompagnaient, dont un habitant de la ville, considérait avec beaucoup de curiosité une maison basse, fermée, isolée dans un jardin. Pas une fenêtre ouverte. Les vignes et les lierres cachant les murs. Un homme travaillant dans le jardin. C’est la maison du bourreau de Pau. Cet homme, c’était le bourreau. Il est riche, disait l’habitant de la ville.

Porte de la chapelle, renaissance ; restaurée d’une façon charmante, complète, exquise. Gâtée pourtant par une croix de mauvais goût qui remplace le chou de l’imposte. Admirables escaliers à vis, bien restaurés.

Berceau de Henri IV. L’écaille de tortue rongée par les bords. Est-elle bien authentique ? (Voir le livre Saget.) Ridiculement affublé d’un faisceau de piques en bois doré, et d’un casque en carton à panaches blancs style Louis XVIII. Une relique du 16e siècle et le royalisme à fleurs de lys ventrues de 1814. Rencontre criarde et fâcheuse.

Pau — ville gaie, jolie, propre. Un peu trop refaite et remaniée, ce qui lui ôte son air historique. La tranchée que fait le vieux fossé à travers la ville a conservé seule l’ancienne physionomie du Pau d’Antoine de Bourbon. Vieilles maisons d’ardoise. Cahotées, coupées d’accidents curieux d’architecture, et étalant à tous leurs étages les verrues originales et bizarres de la maçonnerie domestique du quinzième siècle.