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Un lien intime et réel, quoiqu’il échappe souvent aux esprits superficiels, mêle le beau d’un côté au vrai, de l’autre à l’honnête.

L’intelligence et le cœur sont deux régions sympathiques et parallèles ; l’une ne s’élargit pas sans que l’autre s’agrandisse ; l’une ne se hausse pas sans que l’autre s’élève.

Dans le domaine de l’art, il n’y a pas de lumière sans chaleur.

Les chefs-d’œuvre, parfois même sans que la volonté de leurs auteurs y ait part (ô infirmité du génie !), dégagent continuellement, mystérieusement, divinement, et répandent, pour ainsi dire, dans l’air autour d’eux une moralité pénétrante et saine.

Celui qui passe auprès d’eux et qui respire leur atmosphère s’en imprègne à son insu. Il n’a voulu que devenir plus intelligent ; il devient meilleur. Son éducation se fait de tous les côtés à la fois. La civilisation s’exhale de l’art comme le parfum de la fleur.


Le petit carnet n’est pas moins intéressant que les deux albums ; il ne quittait pas la poche de Victor Hugo, et durant tout le voyage de 1843, depuis le départ jusqu’au retour, ce petit cahier de papier bleuté ou rose pâle a reçu les premières impressions du voyageur. Telle ligne crayonnée en hâte contient en germe le récit rédigé sur l’un des albums décrits précédemment. Très peu du texte publié ; quelques notes qu’on a lues pages 357 et 416.

Les croquis publiés pages 358 et 406 représentant l’un un montagnard aragonais, l’autre un rocher de forme bizarre sont extraits de ce petit cahier ; voici un autre aspect de la montagne, ce n’est plus « le dogue qui aboie à la haute mer », mais à coup sûr c’est le mufle d’un animal fantastique.

Voici une maison de Cauterets ; sous les traits fins de la plume, on distingue encore sur l’original les contours au crayon.